jeudi 2 avril 2020

ADIEU GILBERT


UN CŒUR D’OR SOUS LA CUIRASSE…




   Avec ton allure de Zeus et ton caractère bien trempé, tu pouvais être impressionnant. Ta stature, ton intelligence, ton esprit te valaient autant d’amis que de détracteurs parfois. Certes tu avais le « Verbe haut » et tu aimais la dialectique ! Dans un débat d’idées, tu ne lâchais jamais. Résolument « à gauche », tu étais un homme de conviction, et même si quelquefois nos avis ont divergé, nous nous sommes toujours retrouvés sur l’essentiel. J’adorais discuter avec toi autant lorsque tu évoquais tes souvenirs d’Afrique que lorsque tu me parlais de Chevènement à Belfort qui t’avait beaucoup impressionné. Pendant cette année 2019 douloureuse et ces derniers mois, que ce soit en milieu hospitalier ou à l’EHPAD, nous avons continué à échanger de manière plus profonde, plus sereine…

   Engagé, tu l’as été partout : Dans ta vie de Proviseur, tu t’es dévoué, avec une ardeur sans pareille, pour ouvrir un avenir aux jeunes, à Agen tu as fait rayonner le lycée Lomet de ton humanisme et de ton ouverture au monde, remettant sur les rails bien des filles et des garçons ou les empêchant carrément de dérailler. Tu as donné au lycée professionnel les lettres de noblesse dont il avait besoin.

   Dans ta vie associative tu as créé OSEN : « Ouest, Sud, Est, Nord », association humanitaire et culturelle qui permet aux enfants de Barogo à Ouagadougou d’avoir un repas par jour, des équipements culturels et logistiques. Ton épouse, Annette, t’a aidé dans cette tâche. Cette action a favorisé la scolarisation des filles notamment, ce dont tu étais très fier.
   Dans ta vie syndicale et politique, engagé tu l’as été passionnément. C’est toi, à l’époque secrétaire de la section PS Layrac-Astaffort, qui m’as embarquée sur le navire avec « Construisons Ensemble Layrac ». Ton dynamisme et ta volonté ont ouvert la voie de mon engagement personnel et nous nous sommes retrouvés avec Michel Saint-Martin, dans le groupe d’opposition, au Conseil Municipal. C’est toi aussi qui as « soufflé » à Michel Esteban que je ferais une suppléante « sérieuse » pour les élections au Conseil qu’on appelait « général » à l’époque.

C’était un moment où ma vie basculait sur ses bases, où je me retrouvais absolument seule dans cet horizon layracais. Toi, que je rencontrais quelquefois, pour avoir fréquenté le monde des chefs d’établissement, un jour, sur le marché, tu m’as tendu la main et m’as persuadée de me mettre au service de mes concitoyen-ne-s.  Et à partir de là j’ai appris plus de choses sur la société que dans toute ma vie de prof, je suis devenue, comme toi, une militante !
Engagé, tu l’as été dans ta famille, auprès de tes deux filles que tu as élevées dans tes valeurs avec un amour sans faille mais je sais que ta pudeur n’accepte pas que j’en dise plus, car tu as toujours été très pudique, discret, secret. Un grand cœur sous la carapace ! Katia, Muriel, Annette te pleurent et moi aussi et nous aussi car tu as fédéré autour de toi un groupe d’amis bien soudés, qui ne se seraient jamais connus sans toi. Merci, Gilbert ! Je pleure parce que je ne peux même pas t’accompagner jusqu’au bout de ton chemin à cause de ce confinement qui nous contraint, de manière inhumaine dans cette circonstance.

    Nous te rendrons hommage, Gilbert, plus tard, comme il se doit et j’espère que beaucoup d’ami-e-s t’accompagneront alors dans ce dernier adieu.


Françoise










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