UN CŒUR D’OR SOUS LA CUIRASSE…
Avec ton allure de Zeus et ton caractère bien trempé, tu
pouvais être impressionnant. Ta stature, ton intelligence, ton esprit te
valaient autant d’amis que de détracteurs parfois. Certes tu avais
le « Verbe haut » et tu aimais la dialectique ! Dans un
débat d’idées, tu ne lâchais jamais. Résolument « à gauche », tu
étais un homme de conviction, et même si quelquefois nos avis ont divergé, nous
nous sommes toujours retrouvés sur l’essentiel. J’adorais discuter avec toi
autant lorsque tu évoquais tes souvenirs d’Afrique que lorsque tu me parlais de
Chevènement à Belfort qui t’avait beaucoup impressionné. Pendant cette année
2019 douloureuse et ces derniers mois, que ce soit en milieu hospitalier ou à
l’EHPAD, nous avons continué à échanger de manière plus profonde, plus sereine…
Engagé, tu l’as été partout : Dans ta vie de Proviseur,
tu t’es dévoué, avec une ardeur sans pareille, pour ouvrir un avenir aux
jeunes, à Agen tu as fait rayonner le lycée Lomet de ton humanisme et de ton
ouverture au monde, remettant sur les rails bien des filles et des garçons ou
les empêchant carrément de dérailler. Tu as donné au lycée professionnel les
lettres de noblesse dont il avait besoin.
Dans ta vie
associative tu as créé OSEN : « Ouest, Sud, Est,
Nord », association humanitaire et culturelle qui permet aux
enfants de Barogo à Ouagadougou d’avoir un repas par jour, des équipements
culturels et logistiques. Ton épouse, Annette, t’a aidé dans cette tâche. Cette
action a favorisé la scolarisation des filles notamment, ce dont tu étais très
fier.
Dans ta vie syndicale et politique, engagé tu l’as été
passionnément. C’est toi, à l’époque secrétaire de la section PS
Layrac-Astaffort, qui m’as embarquée sur le navire avec « Construisons
Ensemble Layrac ». Ton dynamisme et ta volonté ont ouvert la voie de mon
engagement personnel et nous nous sommes retrouvés avec Michel Saint-Martin,
dans le groupe d’opposition, au Conseil Municipal. C’est toi aussi qui as
« soufflé » à Michel Esteban que je ferais une suppléante
« sérieuse » pour les élections au Conseil qu’on appelait
« général » à l’époque.
C’était un moment où ma vie basculait sur ses bases, où je me
retrouvais absolument seule dans cet horizon layracais. Toi, que je rencontrais
quelquefois, pour avoir fréquenté le monde des chefs d’établissement, un jour,
sur le marché, tu m’as tendu la main et m’as persuadée de me mettre au service
de mes concitoyen-ne-s. Et à partir de
là j’ai appris plus de choses sur la société que dans toute ma vie de prof, je
suis devenue, comme toi, une militante !
Engagé, tu l’as été dans ta famille, auprès de tes deux
filles que tu as élevées dans tes valeurs avec un amour sans faille mais je
sais que ta pudeur n’accepte pas que j’en dise plus, car tu as toujours été
très pudique, discret, secret. Un grand cœur sous la carapace ! Katia,
Muriel, Annette te pleurent et moi aussi et nous aussi car tu as fédéré autour
de toi un groupe d’amis bien soudés, qui ne se seraient jamais connus sans toi.
Merci, Gilbert ! Je pleure parce que je ne peux même pas
t’accompagner jusqu’au bout de ton chemin à cause de ce confinement qui nous
contraint, de manière inhumaine dans cette circonstance.
Nous te rendrons hommage, Gilbert, plus tard, comme il se
doit et j’espère que beaucoup d’ami-e-s t’accompagneront alors dans ce dernier
adieu.
Françoise
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